Se réapproprier son corps après une sleeve : quand la photographie devient un chemin de reconnexion à soi.
- Laetitia MIRALLES
- 13 nov.
- 8 min de lecture
Il y a des transformations visibles… et d’autres, plus subtiles, qui naissent à l’intérieur. La sleeve, au-delà d’une opération physique, est un véritable tremblement de terre intérieur. Le corps change, le regard des autres aussi — mais à l’intérieur, l’âme a parfois besoin de temps pour suivre.
Dans mon approche de photographie holistique et thérapeutique, j’accompagne ces moments de bascule : quand le corps ne correspond plus tout à fait à la mémoire émotionnelle, quand on ne se reconnaît plus tout à fait, et que l’image devient un moyen d’intégrer cette nouvelle réalité.
Ce n’est pas juste une séance photo. C’est une reconnexion entre l’intérieur et l’extérieur, entre ce que l’on est et ce que l’on montre.
Aujourd’hui, j’ai eu la chance d’accompagner Aude, une femme courageuse et lumineuse, sur ce chemin de réappropriation.
À travers ce témoignage, elle partage avec authenticité son histoire, ses émotions, et les transformations vécues avant, pendant et après la séance.
1ère séance - Aout 2024 - Avant opération
💛 Son parcours et sa transformation
Avant de plonger dans le moment photographique, j’ai voulu comprendre ce qu’elle avait vécu, ressentie, traversée. Car derrière chaque changement corporel, il y a une histoire d’amour, de douleur, de résilience.
Peux-tu me raconter en quelques mots ton histoire avant la sleeve ? J'étais une femme en quête de sens, j'ai grossi de façon progressive suite à un choc émotionnel, il m'a fallu beaucoup de temps afin de mettre des mots sur mes maux. Mon corps a été une carapace, une armure, je n'acceptais pas qu'on puisse voir la personne sensible que je suis, je devais être forte. Le regard des autres pouvait me gêner mais leur jugement ne m'intéresser pas, par contre je manquais beaucoup de bienveillance envers moi-même, j'étais très dure envers moi-même et très exigeante, c'était ma façon de me punir de faits imaginaires et inconscients.
Qu’est-ce qui t’a menée à prendre la décision de faire une sleeve ? La prise de décision a été rapide mais le chemin pour cette décision a été très long... En effet, comme j'avais grossi progressivement et que cette prise de poids était émotionnelle, j'avais décidé de faire le chemin inverse, de me poser et de m'interroger sur le sens caché de ma prise de poids. J'ai fais beaucoup de suivi psychologique et énergétique (du psychiatre au quantique) et passant par la psychogénéalogie et le décodage biologique. Alors oui je perdais un peu de poids, mais pas dans le temps. Il a fallu d'une peur... la peur de mourir... d'abandonner ses enfants et son mari... et d'une amie qui elle aussi a pris la décision de se faire opérer pour avoir le déclic. Le déclic de me dire que c'est la solution car je m'étais préparée, j'avais suffisamment travaillé sur moi meme pour vivre sereinement cette opération et la vie d'après
Comment as-tu vécu cette transformation physique ? Le premier mois a été violent, car en plus de la cicatrisation de l'estomac, j'avais la mémoire d'un poisson rouge et la fatigue d'un paresseux, je n'ai jamais été comme ça de ma vie et avoir le cerveau en mode économie d'énergie m'a beaucoup perturbé et a mis en doute le bien fondé de mon opération. Cependant les résultat étaient là, j'ai accepté qu'il était normal d'être à l'ouest et j'ai repris du poil de la bête, j'ai aimé voir les chiffres s'envoler de ma balance, j'ai aimé remettre des vêtements que je n'arrivais plus à mettre, prendre conscience que je refais des choses que je n'arrivais plus à faire. La photothérapie m'a beaucoup aidé à prendre conscience de mes nouvelles limites corporelle, de voir les changements car la perte de poids peut aller très vite et le conscience n'intègre pas forcement le nouveau schéma corporelle, donc la photo m'a beaucoup aidé à appréhender ce nouveau corps.
As-tu rencontré des moments difficiles après l’opération ? Si oui, lesquels ? Oui, je ne le cache pas, il y en a des moments difficiles surtout quand tu réapprend à connaitre les limites de ton estomac, quand tu t'aperçois que ton estomac n'accepte plus certains aliments, les gros repas de famille et les restaurants, dont tu dois presque te justifier pourquoi tu n'as pas fini ton assiette. Alors certes je ne mange plus les mêmes quantités qu'avant, je suis plus longue dans la prise de mon repas, mais je mange de tout.
Qu’est-ce qui t’a le plus surprise dans ce processus de transformation ? La rapidité de la perte de poids et du fait que pour le moment je ne suis pas encore habituée à mon corps, de refaire des petits trucs que je n'avais plus l'habitude de faire, genre croiser les jambes, me baisser sans être assise pour faire les lacets, les petits gestes du quotidien dont j'avais l'habitude de faire.
Comment ton entourage a-t-il réagi à ton changement ? Beaucoup de soulagement et de fierté, de surprises pour les gens qui ne me voient pas régulièrement, généralement elles ne me reconnaissent pas. Mais beaucoup de fierté.
À travers ses mots, on sent la densité d’un chemin profondément humain : celui d’un corps qui s’allège, oui, mais surtout d’une âme qui se libère de ses chaînes invisibles. Derrière chaque kilo perdu, il y a des années de lutte, de compréhension et d’amour à reconstruire. Elle quitte une armure forgée par la douleur pour réapprendre à habiter sa sensibilité. Entre fierté, épuisement et émerveillement, elle redécouvre ce corps qu’elle n’a pas encore totalement apprivoisé — ce nouveau territoire qu’elle apprend à aimer, pas à pas.
2ème Séance - Décembre 2024
🪞 Le regard sur soi et la féminité retrouvée
Beaucoup de femmes après une sleeve disent cette phrase : “Je me vois, mais je ne me reconnais pas.”
C’est là que la photographie devient un miroir bienveillant. Elle aide à réintégrer l’image du nouveau corps, à réancrer l’identité, à réapprendre à se regarder avec douceur.
Comment te percevais-tu avant cette transformation ? Je devais souffrir de dysmorphophobie avant mon opération, car dans mon représenté physique je n'étais pas comme ça, je n'étais pas aussi grosse et comme je n'ai jamais voulu que mon poids soit un handicap dans ma vie, je faisais ce que je souhaitais, la réalité revenait à moi mais ma devise à ce moment là c'était je suis capable de le faire.
Et aujourd’hui, quand tu te regardes dans le miroir, qu’est-ce que tu ressens ? Une grande fierté et une estime de moi même plus plus, je brosse mon ego dans le bon sens du poil... mdr Même si je m'aimais avant, je m'aime encore plus et je me remercie tout les jours d'avoir pris cette décision, je rayonne encore plus depuis l'opération. Je suis moi sans mon armure.
As-tu parfois l’impression d’avoir “changé de corps” sans encore t’y être complètement habituée ? Oui encore aujourd'hui, ça va être dans mes déplacements comme par exemple l'espace entre la chaise et le mur, je ne connais pas encore bien mon espace corporel. Ou le truc bête, ma taille de vêtement, les premières fois dans les boutiques ont été très drôle, la question vous faites quelle taille? et que tu réponds à la vendeuse j'en sais rien.
Comment vis-tu ta féminité aujourd’hui ? Elle grandit de plus en plus, pour moi c'est très lié à l'estime de soi, plus j'ai d'estime de moi, plus je me sens puissante dans ma féminité et je l'assume de plus en plus.
Ces réponses révèlent souvent une vérité profonde : le corps change plus vite que le regard qu’on porte sur lui. Et c’est justement dans cet espace — entre la chair et la conscience — que la photo thérapeutique agit comme un pont.
3ème Séance - Mars 2025
📸 La séance photo : un rituel de reconnexion à soi
Lorsque Aude est venue me voir, ce n’était pas “pour faire de jolies photos”. C’était un acte symbolique : celui de se retrouver, de se redécouvrir, de se réapproprier son image. Je crée ces séances comme des espaces sacrés, où la parole, le mouvement, la respiration et la lumière se mélangent pour révéler la beauté brute, vraie, entière.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire cet accompagnement holistique & photographique ? C'était pour avoir une vision global et un accompagnement par rapport à l'image que l'on a de soi et de l'image que l'on revoit et de l'image que l'on perçoit de soi même.
Qu’attendais-tu de cet accompagnement ? Des prises de consciences sur mon schéma corporelles et de lacher prise.
Comment t’es-tu sentie pendant les différentes séances ? Ce sera qu'une série de mots, je dirais légèreté, libérée, délivrée, joie et fierté
Y a-t-il eu un moment fort, une prise de conscience particulière pendant une ou plusieurs séances ? La sensation des vêtements qui ne touchent plus ton corps. Que oui des fois c'est dur et chiant mais que sans ça il n'y aura pas eu de résultat, j'ai laissé mon armure.
Qu’as-tu ressenti en découvrant les photos ? Oh ben mince ça c'est moi, je suis magnifique, une immense fierté.
Est-ce que ces images ont changé quelque chose dans ta façon de te voir ? Elles m'ont permise d'accepter plus vite mon changement corporelle, assumer mon nouveau rayonnement.
Si tu devais décrire en quelques mots ce que cet accompagnement t’apporte, que dirais-tu ? C'est l'accompagnement qui valorise le changement, qui permet de prendre le temps de se regarder en profondeur et d'accepter son nouveau corps.
C’est souvent là que quelque chose bascule. Le corps n’est plus un étranger. Il devient allié, temple, complice. Et la femme qui se voit dans les images… reconnaît enfin celle qu’elle sentait vibrer en elle depuis longtemps.
4ème Séance - Octobre 2025
🌺 Le message qu’elle porte aux autres femmes
Que dirais-tu à une femme qui s’apprête à vivre une sleeve ? Ecoute ton corps et écoute toi, tu es ta meilleure boussole, lâche prise et amuse toi !
Selon toi, pourquoi un accompagnement holistique et photographique peut être un soutien précieux dans cette période de transformation ? Notre corps, en plus d'être notre véhicule dans cette vie, il est également l'image que l'on veut renvoyer au reste du monde, comme notre corps est en changement, on a besoin de figer et de réaliser quel image on revoit au monde. Pour ma part je savais que j'étais lumineuse dans ma carapace, maintenant je sais que je suis rayonnante car les photos me le montre. De plus cette accompagnement permet de faire ressortir des émotions de fierté et de libération dans un cadre sécurisant et bienveillant
Y a-t-il un mot, une phrase, une émotion qui résume ce que tu retiens de ce parcours ? La transformation se vit également par la photo de son âme.
Ces mots, je les reçois comme des trésors. Ils rappellent à quel point l’image de soi est un acte de guérison. Photographier le corps, ce n’est pas figer une apparence : c’est accueillir une métamorphose, honorer le chemin parcouru, et se dire enfin : "Oui, c’est bien moi et je m’aime ainsi.”

🌕 Quand l’image devient guérison
Accompagner ces transformations, pour moi, c’est un honneur. C’est voir la beauté renaître là où parfois il y avait blessure, doute ou oubli de soi. La photographie devient alors un outil thérapeutique puissant, un espace où l’on peut se rencontrer à nouveau — sans filtre, sans jugement, avec amour.
Et si toi aussi tu vis une transformation, qu’elle soit corporelle, émotionnelle ou spirituelle…souviens-toi que ton corps n’est pas ton ennemi. Il est ton histoire. Il est ton âme en mouvement. 💫







































